ANTOINE DOCHNIAK


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Il paraît qu’il serait possible, avec des phéromones de synthèse, d’envoyer aux abeilles de fausses alertes et des signaux erronés, elles qui habituellement sécrètent et détectent ces messages chimiques pour organiser en fonction leurs comportements – dans un prisme qui s’étend de l’alarme à l’attaque, en passant par l’accouplement. Avec ces manipulations, on observerait un détournement de la micro-société que constitue la ruche, possible allégorie de nos propres systèmes politiques. Avec une attention portée à ce qui influence les êtres dits «sociaux», qui comprennent les insectes, les oiseaux, mais aussi les humains, le travail sculptural d’Antoine Dochniak observe les phénomènes et mécanismes de leurre, d’adaptation, de parasitage ou de survivance, à l’image de celui évoqué plus haut. L’artiste s’intéresse aux fils invisibles qui gouvernent les mouvements et régissent les désirs, en observant comment perturber les habitats, franchir les frontières tacites ou vivre en dérivation d’un système donné; non loin d’ailleurs de la dérive, au sens situationniste, qui déjoue la contrainte de nos espaces urbains.

Dans les œuvres d’Antoine Dochniak s’opère une dialectique de la substance, où le naturel embrasse et se heurte à l’industriel : interviennent au fil des sculptures la cire d’abeille, la crème solaire, les pétales, la fibre pare-balle, le cierge magique, l’acier inoxydable, les pilules d’iode, ou encore les phéromones susmentionnées, entre autres composantes de sa pharmacopée. À l’image de l’abeille à qui l’on doit tant le miel que le venin, la pratique de l’artiste est un jeu d’équilibriste qui consiste à faire converser les paradoxes, dans une confrontation permanente entre la prédation et la proie, le poison et le remède, l’harmonieux et le belliqueux. Dans des œuvres qu’il désigne comme des «zones fictionnelles», qui détiennent leurs propres législations et redessinent les cartographies en place, il présente le symptôme et sa contrepartie, qui aurait trait au soin ou à la protection.

Si l’emploi d’un imaginaire militarisé laisse entrevoir l’évocation d’un conflit ou d’une catastrophe en hors-champ, notre perception reste trouble lorsqu’il s’agit de comprendre si les œuvres les précèdent ou leur succèdent. Le danger demeure en tout cas impalpable, et s’incarne peut-être dans l’évanescence des ondes qui ponctuent le travail de l’artiste, qu’elles émanent de l’imagerie médicale, des rayonnements ultra-violets ou des radiations atomiques. Nourri d’une appréhension géopolitique du monde qu’il rejoue dans ses interstices poétiques, Antoine Dochniak laisse planer la menace mais la fait dialoguer avec un environnement proposant une nouvelle partition des liens qui unissent les espèces vivantes à celles non-vivantes. Il fait de ses sculptures un lieu où nouer des collaborations, conviant notamment, selon ses propres mots, les «oubliés de la chaîne de production». À rebours d’un discours dominant qui préfère l’individuation à l’enchevêtrement, il explore la complexité d’un monde où les abeilles butinent non loin des centrales nucléaires.

Lou Ferrand



All rights reserved Antoine Dochniak ©

"Juglone"

2022, bois de noyer, brou de noix, aluminium, fée lumineuse, colle polyuréthane.
Avec Constantin Kyriakopoulos dans le cadre de l'exposition
Be my body à Monopôle sur une invitation de Substances Dérivées, Lyon.

"Effaroucheur, oiseleur ou appelant ?"

2022, inox, tapis de coffre de voiture, jus de bois, aluminium, diamant zirconium.
Dans le cadre de l'exposition The cage we live in à l'Attrape-Couleurs, Lyon.

"Effaroucheur, oiseleur ou appelant ?"

2022, inox, tapis de coffre de voiture, jus de bois, aluminium, diamant zirconium.
Dans le cadre de l'exposition The cage we live in à l'Attrape-Couleurs, Lyon.

"Coffre de toi"

2022, carapace dure et bombée, béton, boue noire Egypte antique,
(bitume naturel, résine de pin, cire d’abeille), acier.
Dans le cadre de l'exposition The cage we live in à l'Attrape-Couleurs, Lyon.

"Cause they move by itself"

2022, grès, bronze, acier, peinture grise, fibre d’aramide par balle,
en collaboration avec l'artiste Etienne Mauroy. Dans le cadre de l'exposition Histoire
d'un ciel en creux III : Ce qu'il faut d'espoir pour mentir, à la Brasserie Atlas, Bruxelles.

"Form follow function ?"

2022, acier inoxydable, tissu, mangue souflée, outil combiné clef de 14, 13 et cutter,
couture Fanette Lambey, verre souflé Clément Le Mener. Dans le cadre de l'exposition
Substances Dérivées: l'anti-paysage, à Looking For Architecture (LFA), Lyon.

"Si vous ne supportez plus le mot printemps,
Ni la lumière du soleil éclatant, Vivez sans le temps"

2021, chène massif, PLA blanc, feuilles de Datura cueillies à Gibraltar.
Dans le cadre de l'exposition Daylight, All night long, à Monopôle, Lyon.

"Le voyeur porte des oreilles"

série: Interprétation d'une plage lumineuse

2021, acier, mammographie d'une inconnue, pince en noyer.
Dans le cadre de l'exposition Daylight, All night long, à Monopôle, Lyon.

"Goodby Digitalis"

2021, acier inoxydablen cire d'abeille, verre soufflé par Clément Le Mener.
Dans le cadre de l'exposition Faire Essaim, à Moly-Sabata, Sablons.

"Leurre de Nasonov"

2021, acier, grès emaillé,verre soufflé par Clément Le Mener,
ruches en terre cuite pensées et construites par Maurice Chaudière.
Dans le cadre de l'exposition Faire Essaim, à Moly-Sabata, Sablons.

"À le recherche d'un partenaire de jeu pour palier à la solitude nocturne"

2021, acier étiré, planche à propolis en sapin, aluminium, propolis,
bulbe séché de pavot, fonte d'aluminium, caramel de pastèque.
Dans le cadre de l'exposition Faire Essaim, à Moly-Sabata, Sablons.

"Karour"

2021, faux miel, aluminium, cire d'abeille, grès rosé, PLA métallique, fil synthétique.
Avec Étienne Mauroy dans le cadre de l'exposition Histoire d'un ciel en creux :
La quatrième du trèfle ordinaire à l'Orangerie du Parc de la Tête d'Or, Lyon.

"Architecture de choix"

dans la série "La peau des objets désséchées"

2021, grès blanc, aluminium, pétales de lys, latex, avec Étienne Mauroy au tour.
Dans le cadre de l'exposition Le début de la fin à l'IAC, Villeurbanne.

"Portrait d'une flamme mégalomane"

dans la série "La peau des objets désséchées"

2021, pare-flamme, carré de soie synthétique, imprimé du réchaud
"le plus léger de tout les temps. Dans le cadre de l'exposition
Le début de la fin à l'IAC, Villeurbanne.

"Courbe d'influence"

dans la série "La peau des objets désséchées"

2021, aluminium, feuille de lys, latex, collier de serrage. Dans le cadre
de l'exposition Le début de la fin à l'IAC, Villeurbanne.

"Les Voltigeuses"

2020, acier noir, verre, latex, photographie de la libellule écrasée, colle.
Dans le cadre de l'exposition du Prix Hélène Linossier au Fort de Vaise, Lyon.