ANTOINE DOCHNIAK

INFORMATIONS

WORKS INSTAGRAM

BE MY BODY


(FR)   Curation, substances dérivées, (Pierre Allain et Antoine Dochniak) Be My Body, un temps de veille proposé par Flora Bouteille et Constantin Kyriakopoulos avec la participation de Victor Villafagne et des performeur·euses Aurore Serra, Charlotte Lecuit & Gabriel Levie.
Be my body est un espace traversé par les fantômes. Be my body doit être appréhendé comme une zone d’expérimentation où la recherche est active et collective. Be my body s’amorce par un contrat, déclencheur du mécanisme de production dont vous serez un.e acteur.e autonome. Be my body est un moment de veille, brève apparition durant laquelle le temps étire les corps. «Les règles sont exprimées comme telles au début de la performance : Nous allons jouer à un jeu. Dans ce jeu, vous pouvez choisir de mentir ou de dire la vérité, mais nous (les performeur·euses) ne dirons que la vérité. Nous allons jouer avec vos fantômes. Vous choisissez lesquels d’entre eux et les actions que nous pouvons effectuer sur eux. Nous (les performeur·euses) choisirons également un de nos fantômes pour jouer avec vous.»

LA PASSEUSE DE MAUX

Mesquine échine des troncs fatigués
Ploient au rythme des songes visités
La sève étanche panse tes plaies
La main qui courent perd tes pieds
Par un souffle qui baigne tes doutes
Le jus du labeur forment des croûtes
Oscillent sur les plis l’ultime lueure
Avant que la nuit ne noie tes douleurs
De ta vue ont disparu les passeurs
Qui eux seuls effaçaient toutes les peurs
Allonge toi et gratte sous mes bras
La souffrance des humains avant toi



Gesture / Capture, 2023,
sur l'île de Vestmannaeyjabær, avec Ivan Tomasevic, Nýló (The Living Art Museum), Reykjavík






Humeur vitrée, 2023,
berce du Caucase décapitée, planche de protection, horloge, peinture, peinture et vernis, coquillages et algues séchées, photographie du cœur d'obsidienne du géant dans l'atelier de Nina Allmoslechner, Nýló (The Living Art Museum), Reykjavík
Corps-fenêtre, 2023,
phare d'une moto suziki 600 GSXR accidentée, berce du Caucase décapitée, cloche perdue au pied du phare, ampoule, peinture, Nýló (The Living Art Museum), Reykjavík



Irrité par le temps, 2023,
planche de protection, peinture et vernis, poteau de clôture, punaises, 2 horloges, Nýló (The Living Art Museum), Reykjavík




(EN)   Exhibition Curation, substances dérivées, (Pierre Allain and Antoine Dochniak) Be My Body, a Watchful Time proposed by Flora Bouteille and Constantin Kyriakopoulos with the participation of Victor Villafagne and performers Aurore Serra, Charlotte Lecuit & Gabriel Levie.
Be My Body is a space inhabited by ghosts. Be My Body should be approached as an experimental zone where research is active and collective. Be My Body begins with a contract, triggering the production mechanism in which you will be an autonomous actor. Be My Body is a moment of vigilance, a brief apparition during which time stretches the bodies. "The rules are stated as follows at the beginning of the performance: We are going to play a game. In this game, you can choose to lie or tell the truth, but we (the performers) will only tell the truth. We will play with your ghosts. You choose which ones and the actions we can perform on them. We (the performers) will also choose one of our ghosts to play with you."

THE HEALER OF PAINS

Tiny spines of tired trunks
Ploient au rythme des songes visités
Watertight sap heals your wounds
The hand that runs loses your feet
By a breath that bathes your doubts
The juice of toil forms scabs
Oscillate on the folds the ultimate glow
Before night drowns your pain
Vanished from your sight
Who alone erased all fears
Lie down and scratch under my arms
The suffering of humans before you



Gesture / Capture, 2023,
on the island of Vestmannaeyjabær, with Ivan Tomasevic, Nýló (The Living Art Museum), Reykjavík





Vitreous humor, 2023,
giant hogweed beheaded, protective board, clock, painting, paint and varnish, shellfish and dried seaweed, photography of the giant's obsidian heart in the workshop by Nina Allmoslechner, Nýló (The Living Art Museum), Reykjavík

Body-window, 2023,
headlight of a crashed suziki 600 GSXR motorcycle, giant hogweed beheaded, lost bell at foot of lighthouse, bulb, painting, Nýló (The Living Art Museum), Reykjavík



Irritated by the time, 2023,
protective board, painting, paint and varnish, fence post, thumbtack, 2 clocks, Nýló (The Living Art Museum), Reykjavík







BIOGRAPHIE

NÉ EN 1997 À ARRAS
VIT ET TRAVAILLE À PARIS

Après avoir obtenu une licence à l’ESAD de Valenciennes, Antoine Dochniak a poursuivi sa formation à l’Ensba de Lyon où il obtient son DNSEP en 2020. Parallèlement à sa pratique plastique, il mène un travail de commissariat d’expositions avec l’artiste Pierre Allain. En 2021, il participe à l’exposition collective Le début de la fin à l’Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes, en collaboration avec l’Ensba de Lyon. En 2022, Antoine Dochniak est retenu dans la sélection du 66e Salon de Montrouge. Cette même année, il présente une exposition personnelle, The cage we live in, à l’Attrape-couleurs, Lyon. En outre, son activité curatoriale a donné lieu à plusieurs temps d’expositions, notamment à monopôle, artist run-space à Lyon (Daylight All Night Long, 2021 ; Be My Body, 2022). Antoine Dochniak définit ses œuvres comme des zones fictionnelles. Ses sculptures aux formes hybrides, composées de matériaux organiques (pétales de fleurs, pollen, résine de pin, cire d’abeille…) entremêlés à des éléments industriels, dessinent dans l’espace des présences énigmatiques. Elles matérialisent des liens paradoxaux (nœuds, attaches, enchâssements, suspensions, recouvrements…). Souvent nommées par des titres narratifs – d’une narration désenchantée –, les sculptures d’Antoine Dochniak portent en elles un propos de résistance et une dimension rituelle, comme pour conjurer les dangers du monde. Pour le programme Galeries Nomades de l’IAC, Villeurbanne/Rhône-Alpes, il exposera au Temple de Saoû (Drôme) du 14 octobre au 16 décembre 2023.



"Il paraît qu’il serait possible, avec des phéromones de synthèse, d’envoyer aux abeilles de fausses alertes et des signaux erronés, elles qui habituellement sécrètent et détectent ces messages chimiques pour organiser en fonction leurs comportements – dans un prisme qui s’étend de l’alarme à l’attaque, en passant par l’accouplement. Avec ces manipulations, on observerait un détournement de la micro-société que constitue la ruche, possible allégorie de nos propres systèmes politiques. Avec une attention portée à ce qui influence les êtres dits «sociaux», qui comprennent les insectes, les oiseaux, mais aussi les humains, le travail sculptural d’Antoine Dochniak observe les phénomènes et mécanismes de leurre, d’adaptation, de parasitage ou de survivance, à l’image de celui évoqué plus haut. L’artiste s’intéresse aux fils invisibles qui gouvernent les mouvements et régissent les désirs, en observant comment perturber les habitats, franchir les frontières tacites ou vivre en dérivation d’un système donné; non loin d’ailleurs de la dérive, au sens situationniste, qui déjoue la contrainte de nos espaces urbains.

Dans les œuvres d’Antoine Dochniak s’opère une dialectique de la substance, où le naturel embrasse et se heurte à l’industriel : interviennent au fil des sculptures la cire d’abeille, la crème solaire, les pétales, la fibre pare-balle, le cierge magique, l’acier inoxydable, les pilules d’iode, ou encore les phéromones susmentionnées, entre autres composantes de sa pharmacopée. À l’image de l’abeille à qui l’on doit tant le miel que le venin, la pratique de l’artiste est un jeu d’équilibriste qui consiste à faire converser les paradoxes, dans une confrontation permanente entre la prédation et la proie, le poison et le remède, l’harmonieux et le belliqueux. Dans des œuvres qu’il désigne comme des «zones fictionnelles», qui détiennent leurs propres législations et redessinent les cartographies en place, il présente le symptôme et sa contrepartie, qui aurait trait au soin ou à la protection.

Si l’emploi d’un imaginaire militarisé laisse entrevoir l’évocation d’un conflit ou d’une catastrophe en hors-champ, notre perception reste trouble lorsqu’il s’agit de comprendre si les œuvres les précèdent ou leur succèdent. Le danger demeure en tout cas impalpable, et s’incarne peut-être dans l’évanescence des ondes qui ponctuent le travail de l’artiste, qu’elles émanent de l’imagerie médicale, des rayonnements ultra-violets ou des radiations atomiques. Nourri d’une appréhension géopolitique du monde qu’il rejoue dans ses interstices poétiques, Antoine Dochniak laisse planer la menace mais la fait dialoguer avec un environnement proposant une nouvelle partition des liens qui unissent les espèces vivantes à celles non-vivantes. Il fait de ses sculptures un lieu où nouer des collaborations, conviant notamment, selon ses propres mots, les «oubliés de la chaîne de production». À rebours d’un discours dominant qui préfère l’individuation à l’enchevêtrement, il explore la complexité d’un monde où les abeilles butinent non loin des centrales nucléaires."

Lou Ferrand