ANTOINE DOCHNIAK

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LE DÉBUT DE LA FIN


(FR)   L’installation “la peau des objets desséchés”, montré pour la première fois à l’IAC Villeurbanne lors de l'exposition “ le début de la fin” est construite autour de l’économie d’une fleur de lys, récupérée dans les invendus d’un fleuriste. Chaque partie de la fleu est décortiquée et réintroduite dans différentes sculptures, pétales pansements, feuilles abscisses d’une courbe d’influence, moule latex du sexe pistil, courbe croissante et décroissante. L’architecture de choix, dont les poumons trônent dans l’installation, dans la théorie économique des nudges, permet «d’inciter les consommateurs à adopter des comportements personnellement et socialement souhaitables, elles sont conçues pour compenser les biais décisionnels irrationnels et pour améliorer le bien-être des consommateurs».



LA PEAU DES OBJETS
DESSÉCHÉS

Courbe d’influence, 2021,
aluminium, feuille de lys, latex, collier de serrage, Le début de la fin, à l’IAC Villeurbanne.

Double croissante, 2021,
peau de pistil de lys, latex, Le début de la fin, à l’IAC Villeurbanne.

Décroissante, 2021,
peau de pistil de lys, latex, Le début de la fin, à l’IAC Villeurbanne.

Portrait d’une flamme
mégalomane, 2021,
carré de soie synthétique, imprimé du réchaud le plus léger de tous les temps, pare-flamme, Le début de la fin, à l’IAC Villeurbanne.


Architecture de choix, 2021,
Grès blanc, aluminium, pétale de lys, latex, collaboration avec Etienne Mauroy vu dans l’exposition,
Le début de la fin, à l’IAC Villeurbanne.



(EN)   The installation "la peau des objets desséchés", shown for the first time at IAC Villeurbanne as part of the exhibition "le début de la fin", is built around the economy of a fleur de lys, salvaged from a florist's unsold stock. Each part of the flower is deconstructed and reintroduced into different sculptures: petal dressings, abscissa leaves of an influence curve, latex molds of the pistil sex, increasing and decreasing curves. The architecture of choice, whose lungs take pride of place in the installation, in the economic theory of nudges, allows "to incite consumers to adopt personally and socially desirable behaviors, they are designed to compensate for irrational decision biases and to improve consumer well-being".



LA PEAU DES OBJETS
DESSÉCHÉS

Courbe d’influence, 2021,
aluminum, lily leaf, latex, clamp, Le début de la fin, at IAC Villeurbanne.


Double croissante, 2021,
lily pistil skin, latex, The beginning of the end, at IAC Villeurbanne.

Décroissante, 2021,
lily pistil skin, latex, The beginning of the end, at IAC Villeurbanne.

Portrait d’une flamme
mégalomane, 2021,
synthetic silk square, print of the lightest stove ever, flame screen, The beginning of the end, at IAC Villeurbanne.


Architecture de choix, 2021,
White stoneware, aluminum, lily petals, latex, collaboration with Etienne Mauroy seen in the exhibition, Le début de la fin, at IAC Villeurbanne.




BIOGRAPHIE

NÉ EN 1997 À ARRAS
VIT ET TRAVAILLE À PARIS

Après avoir obtenu une licence à l’ESAD de Valenciennes, Antoine Dochniak a poursuivi sa formation à l’Ensba de Lyon où il obtient son DNSEP en 2020. Parallèlement à sa pratique plastique, il mène un travail de commissariat d’expositions avec l’artiste Pierre Allain. En 2021, il participe à l’exposition collective Le début de la fin à l’Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes, en collaboration avec l’Ensba de Lyon. En 2022, Antoine Dochniak est retenu dans la sélection du 66e Salon de Montrouge. Cette même année, il présente une exposition personnelle, The cage we live in, à l’Attrape-couleurs, Lyon. En outre, son activité curatoriale a donné lieu à plusieurs temps d’expositions, notamment à monopôle, artist run-space à Lyon (Daylight All Night Long, 2021 ; Be My Body, 2022). Antoine Dochniak définit ses œuvres comme des zones fictionnelles. Ses sculptures aux formes hybrides, composées de matériaux organiques (pétales de fleurs, pollen, résine de pin, cire d’abeille…) entremêlés à des éléments industriels, dessinent dans l’espace des présences énigmatiques. Elles matérialisent des liens paradoxaux (nœuds, attaches, enchâssements, suspensions, recouvrements…). Souvent nommées par des titres narratifs – d’une narration désenchantée –, les sculptures d’Antoine Dochniak portent en elles un propos de résistance et une dimension rituelle, comme pour conjurer les dangers du monde. Pour le programme Galeries Nomades de l’IAC, Villeurbanne/Rhône-Alpes, il exposera au Temple de Saoû (Drôme) du 14 octobre au 16 décembre 2023.



"Il paraît qu’il serait possible, avec des phéromones de synthèse, d’envoyer aux abeilles de fausses alertes et des signaux erronés, elles qui habituellement sécrètent et détectent ces messages chimiques pour organiser en fonction leurs comportements – dans un prisme qui s’étend de l’alarme à l’attaque, en passant par l’accouplement. Avec ces manipulations, on observerait un détournement de la micro-société que constitue la ruche, possible allégorie de nos propres systèmes politiques. Avec une attention portée à ce qui influence les êtres dits «sociaux», qui comprennent les insectes, les oiseaux, mais aussi les humains, le travail sculptural d’Antoine Dochniak observe les phénomènes et mécanismes de leurre, d’adaptation, de parasitage ou de survivance, à l’image de celui évoqué plus haut. L’artiste s’intéresse aux fils invisibles qui gouvernent les mouvements et régissent les désirs, en observant comment perturber les habitats, franchir les frontières tacites ou vivre en dérivation d’un système donné; non loin d’ailleurs de la dérive, au sens situationniste, qui déjoue la contrainte de nos espaces urbains.

Dans les œuvres d’Antoine Dochniak s’opère une dialectique de la substance, où le naturel embrasse et se heurte à l’industriel : interviennent au fil des sculptures la cire d’abeille, la crème solaire, les pétales, la fibre pare-balle, le cierge magique, l’acier inoxydable, les pilules d’iode, ou encore les phéromones susmentionnées, entre autres composantes de sa pharmacopée. À l’image de l’abeille à qui l’on doit tant le miel que le venin, la pratique de l’artiste est un jeu d’équilibriste qui consiste à faire converser les paradoxes, dans une confrontation permanente entre la prédation et la proie, le poison et le remède, l’harmonieux et le belliqueux. Dans des œuvres qu’il désigne comme des «zones fictionnelles», qui détiennent leurs propres législations et redessinent les cartographies en place, il présente le symptôme et sa contrepartie, qui aurait trait au soin ou à la protection.

Si l’emploi d’un imaginaire militarisé laisse entrevoir l’évocation d’un conflit ou d’une catastrophe en hors-champ, notre perception reste trouble lorsqu’il s’agit de comprendre si les œuvres les précèdent ou leur succèdent. Le danger demeure en tout cas impalpable, et s’incarne peut-être dans l’évanescence des ondes qui ponctuent le travail de l’artiste, qu’elles émanent de l’imagerie médicale, des rayonnements ultra-violets ou des radiations atomiques. Nourri d’une appréhension géopolitique du monde qu’il rejoue dans ses interstices poétiques, Antoine Dochniak laisse planer la menace mais la fait dialoguer avec un environnement proposant une nouvelle partition des liens qui unissent les espèces vivantes à celles non-vivantes. Il fait de ses sculptures un lieu où nouer des collaborations, conviant notamment, selon ses propres mots, les «oubliés de la chaîne de production». À rebours d’un discours dominant qui préfère l’individuation à l’enchevêtrement, il explore la complexité d’un monde où les abeilles butinent non loin des centrales nucléaires."

Lou Ferrand